12/18/2006

Le féminisme essentialiste radical de Ségolène Royal

Lors de l'émission Ripostes, la Ségolène Royal explique que lorsqu'on "bafoue" la femme, qu'on la voile, etc. ; ça nuit à la société entière et nourrit toutes les autres inégalités puisqu'on "l'empêche de faire son métier de femme et de mère". Ah.

11/23/2006

Feuilleton Anatrella : L'Eglise dénonce une "campagne de diffamation mondiale"

Suite aux deux dénonciations pour abus sexuels présumés sur de jeunes adultes par le prêtre-psy Tony Anatrella (lire Quotidien du 21 novembre), le Vatican parle d'une «campagne de diffamation mondiale contre l'Église qui prend pour cible ses points névralgiques» dans «ce genre d'accusations», par la voie du cardinal mexicain Javier Lozano Barragan, président du Conseil pontifical pour la santé. Le Vatican maintient sa confiance en Tony Anatrella, puisque celui-ci s'apprête à intervenir lors d'une conférence internationale sur «les aspects pastoraux du traitement des maladies infectieuses», au Saint-Siège, à partir de demain, jeudi 23 novembre. Pourtant au même moment, l'Église française semblait prendre ses distances avec Tony Anatrella: réuni par des évêques pour leur fournir un argumentaire pour les débats publics, un comité d'experts a rédigé début novembre des fiches sur «les différences structurantes de la vie sociale», incluant les questions touchant à l'homosexualité, au mariage des couples homosexuels et aux théories du genre. Un comité dont ne faisait pas partie Tony Anatrella: «Nous n'avons même pas pensé à le solliciter», a expliqué au Monde Mgr Jean-Louis Bruguès, chargé du dossier. «On peut voir effectivement un signe d'ouverture dans le choix des experts», ajoutait-il. Un autre article du Monde fait l'objet d'une demande de droit de réponse de la part de Christian Terras, rédacteur en chef de Golias, revue catholique critique qui, la première, avait enquêté sur l'affaire Anatrella. Il accuse le journal de défendre, aux prix de contrevérités, l'institution religieuse. Sur la menace de procès en diffamation, Christian Terras s'estime confiant: «Nous avons été trop habitués à l'effet d'annonce, affirme-t-il. La personne, accusée et dépourvue d'arguments, annonce un procès pour jouer l'innocence» sans donner suite. À suivre...
Copyright tetu.com


par Paul Parant

11/21/2006

Anatrella contre-attaque

Le père Tony Anatrella se dit victime d'une dénonciation calomnieuse

Le père Tony Anatrella, prêtre et psychanalyste, 65 ans, expert du diocèse de Paris et de l'épiscopat français pour toutes les questions d'éthique sexuelle, et "consulteur" au Vatican, a déposé, samedi 18 novembre, une plainte contre "X..." pour dénonciation calomnieuse et diffamation. Cette action fait suite à des informations parues dans la presse (Golias et le Nouvel Observateur) à propos d'abus sexuels dont il se serait rendu coupable sur deux anciens patients et que M. Anatrella réfute avec énergie.

Au même moment, le parquet de Paris ouvrait une enquête préliminaire à la suite d'une plainte, déposée contre le Père Anatrella, par un adulte qui affirme avoir été abusé lors de séances de "thérapie corporelle" en 2001. L'identité du plaignant n'est pas connue. On sait seulement qu'il était étudiant en histoire à l'époque des faits. Me Benoît Chabert, conseil du Père Anatrella, s'en étonne au Monde : "Je n'ai jamais vu cela de ma vie. Si on est victime et qu'on est majeur, pourquoi se cacher ? On nous accuse, mais qui ? De quoi ?"

Témoignage d'un ex séminariste

Cette plainte a été déposée le 30 octobre, jour où Europe 1 reprenait les informations de Golias sur le cas d'un autre patient, Daniel Lamarca, 42 ans, aide-soignant à Grenoble, mettant en cause le même prêtre-psychanalyste. Preuve, selon Me Chabert, de l'"affabulation".

Le témoignage de M. Lamarca suscite un trouble, parce qu'il avait été révélé à Mgr Lustiger, alors archevêque de Paris, dès février 2001, mais était resté sans suite. En 1988, séminariste à la Mission de France à Pontigny (Yonne), M. Lamarca avait demandé à consulter un psychanalyste et avait été envoyé près du Père Anatrella. Là, affirme-t-il au Monde, le thérapeute se serait livré "sur sa table de massage, à des exercices corporels allant jusqu'à la jouissance des deux personnes".

Interrogé sur sa réaction tardive à ces "agissements" - que nie le prêtre -, M. Lamarca déclare avoir alerté l'évêque de la Mission de France, alors Mgr Gilson, et ajoute que toute autre publicité était délicate : "Il n'y avait pas viol. Je n'étais pas mineur et je n'avais pas de preuves." M. Lamarca, qui se dit homosexuel, aurait décidé de se battre en entendant les prises de position du Père Anatrella, en 1999, contre le pacs.

Selon ses proches, M. Anatrella, qui est auteur d'ouvrages - Interminables adolescences (Cerf), Non à la société dépressive, Le Sexe oublié (Flammarion), etc. - aurait été victime d'une "machination" montée par Golias, revue caustique devenue très critique de l'Eglise, et par des milieux homosexuels dont il est la bête noire. L'entourage de M. Anatrella rappelle que Golias avait diffamé Mgr Lustiger et perdu un procès intenté par Reporters sans frontières pour avoir publié, en 1995, une liste de "prêtres-assassins" au Rwanda. M. Lamarca affirme n'avoir eu recours à ce journal qu'après avoir constaté la passivité de l'Eglise.

Les attaques de groupes homosexuels chrétiens (David et Jonathan) ont redoublé depuis que M. Anatrella a participé à la rédaction, fin 2005, d'une instruction du Vatican recommandant aux supérieurs de séminaires d'être plus vigilant vis-à-vis d'éléments présentant des "tendances homosexuelles". Il avait ajouté des commentaires personnels, repris par l'Osservatore romano, présentant l'homosexualité comme "un inachèvement et une immaturité foncière de la sexualité humaine".

Henri Tincq

11/20/2006

La transphobie : connais pas

Communiqué de presse TaPaGeS, le 20 novembre 2006 http://tapages67.org/


Une enquête de la HALDE (Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l'Égalité des chances), ce machin concédé par Chirac aux personnes LGBT (Lesbiennes/Gay/Bi/Trans') comme on donne un nonosse à son/sa chienNE, est actuellement en cours sur les discriminations au travail. Parfait. Elle ne mentionne même pas les personnes transgenre.

Quatre hypothèses nous viennent à l'esprit (qu'on a mauvais) :
- Ou bien les trans' ne travaillent pas ;
- Ou bien, la HALDE a remarqué que les personnes transgenre n'ont aucun problème dans l'univers trans-friendly de l'entreprise, de la fonction publique et des services sociaux ;
- Ou bien la HALDE est un ramassis d'étourdiEs ;
- Ou bien, une fois encore, les trans' sont reléguées loin, bien loin, là où on ne les voit pas, où on ne les entend pas, dans un endroit où les souffrances sociales déterminées par une société transphobe sont camouflées, déniées, invisibilisées. Dans un placard sordide.

Ce n'est qu'un exemple parmi d'autres, parmi tant d'autres. La liste de ce que subissent les personnes trans' partout dans le monde est écœurante, alarmante. Et pourtant, elle n'alarme ni n'écœure personne. Les rares voix audibles sont celles de psys et d'"expertEs" de la santé, voix criminelles et haineuses... La voix des concernéEs, elle, ne transperce pas le mur du son médiatico-politique.

C'est silence de partout. NulLE trans' à l'horizon.


AUJOURD'HUI, 20 NOVEMBRE : le TDoR...


Le TDoR (Transgender Day of Remembrance), ce 20 novembre, est pour nous l'occasion de mettre dans la lumière les oppressions subies par les personnes trans'. À l'échelle internationale : les trans' sont pourchasséEs, assassinéEs, leurs agresseurs dédouanés : la plupart sont fièrement encouragés par leurs États... À l'échelle du "pays-des-droits-de-l'homme" (c'est censé être nous, ça !) : la Loi avalise les discriminations et fait en outre endurer aux personnes trans' tout un arsenal de mesures humiliantes.

Le TDoR, ce 20 novembre, est pour nous l'occasion de témoigner de notre solidarité. De redire publiquement notre colère devant ce que vivent les personnes trans'. Pour certainEs : chasséEs de leurs familles, vouéEs à la précarité, à des formes de vie clandestines. Pour touTEs : le rappel au quotidien d'une "anormalité" en regard des normes, par la Loi, par les insultes. Souvent : les agressions ; parfois : les meurtres.

Le TDoR, ce 20 novembre, est aussi pour nous l'occasion de rappeler qu'il n'existe aucune oppression qui ne soit politique. Et que toute politique peut être infléchie, contestée voire révolutionnée (yes !). Que ces oppressions sont organisées, conçues, appliquées au premier "chef" par l'État. Que de l'État et de ses services découle tout un ensemble de mesures, de comportements, d'incidences dans les vies des personnes transgenre. Du crime aux discriminations sur les sites de rencontres, des vexations administratives aux insultes, etc. Bien sûr, ces violences ne sont pas toutes les mêmes. Elles n'ont ni la même intensité ni la même gravité. Elles témoignent cependant de la cohérence de la transphobie : ne rien laisser idemne. Que tout soit gouverné par la Haine et l'Injustice.

Le TDoR, ce 20 novembre, est enfin l'occasion pour nous de rappeler nos exigences. Rien n'est négociable, rien n'est demandé. Tout est exigé :

- Une personne trans' n'est pas malade : abolition de toute psychiatrisation imposée des personnes transgenre et de tous "protocoles" médicaux ou "standards de soins" imposés à leur encontre, et garantie du libre choix de nos médecins, tel que défini par la Loi en vigueur.

- Une personne trans' n'est pas inférieure : nous exigeons les mêmes droits pour toute personne transgenre que pour toute personne cisgenre. Et pour cela, le changement sur simple demande du premier chiffre du n° de Sécurité Sociale pour toutes les personnes qui en feraient la demande, afin de couper court à l'omniprésente discrimination selon ce n°, p.ex. à l'embauche, discrimination qui mène à l'exclusion, à la précarité et aux comportements à risque (prostitution publique etc).

- La transphobie n'est pas une opinion : une vraie politique de prévention de la haine transphobe s'impose.

De nos luttes, nous avons appris que c'est à nous, personnes transgenre et soutiens, d'apparaître, de nous mobiliser, de nous organiser, de nous imposer. On ne s'en remettra pas à unE hypothétique candidatE de la cause trans' en 2007. Les avancées nous les obtiendrons dans la rue, par nos mobilisations - et pas par l'aumône politicienne.

Nous avons touTEs à y gagner : nous libérer collectivement des assignations de genre et de sexe. Ébranler l'ordre hétéropatriarcal. Et nous découvrir plus libres et plus égaux/-ales - plus heureux/-ses.


TaPaGeS (TransPédéGouines de Strasbourg), le 20 novembre 2006

11/16/2006

Affaire Anatrella : de nouveaux éléments

Un article du Nouvel Observateur donne de nouveaux éléments sur l'affaire, qui ne prend pas un tour favorable pour le curé-psy néonazi.


Les thérapies très spéciales de Mgr Anatrella
Star du Vatican, Tony Anatrella, prêtre et psychanalyste, bête noire des homosexuels, pris dans la tourmente d'une affaire de moeurs. Deux de ses anciens patients l'accusent d'abus sexuels

L'Eglise n'a jamais le temps de souffler. Une histoire de moeurs peu catholiques avec de jeunes garçons rattrape une fois encore un de ses représentants, et pas n'importe lequel : le célèbre Tony Anatrella. Nommé par Jean-Paul II au conseil pontifical pour la famille, Mgr Anatrella est devenu en quelques années la voix quasi officielle de l'Eglise sur la question gay. L'homme, prêtre et psychanalyste, spécialiste autoproclamé en « psychiatrie sociale », livre depuis plus de vingt ans ses expertises sur le monde moderne. Ses premiers travaux remarqués sur l'adolescence lui ont permis de diffuser peu à peu ses sermons contre le préservatif, la contraception, le divorce, l'avortement... Mais, depuis quelque temps, Anatrella concentre, de manière quasi obsessionnelle, son attention sur un seul sujet : l'homosexualité. Il l'attaque, à coups de références pseudo-freudiennes, dans ses ouvrages, ses conférences aux quatre coins de la France, dans les journaux comme « la Croix » et « le Figaro », qui publient régulièrement ses tribunes... L'homosexualité est « un inachèvement, une immaturité foncière de la sexualité humaine » qu'il faut soigner d'urgence. Halte au lobby gay « narcissique et manipulateur », la famille est en ruine, la civilisation au bord du suicide... Avec son ton péremptoire et ses formules chocs, l'abbé-psy joue à merveille son rôle d'affreux réac. Des prêtres et des familles catholiques lui adressent depuis des années des garçons en conflit avec leur identité sexuelle. Rien de plus efficace qu'une psychanalyse avec le père Tony Anatrella pour retrouver le droit chemin.
Rien de plus destructeur, disent aujourd'hui deux anciens patients. Ils ne se connaissent pas, vivent à des centaines de kilomètres l'un de l'autre et avouent, chacun de leur côté, avoir eu des relations sexuelles avec le célèbre prélat. Le plus âgé a tout raconté dans le dernier numéro de « Golias », la revue catholique contestataire, qui publie un dossier complet sur «les étranges méthodes du docteur Anatrella».
Daniel vit avec son chat dans la campagne grenobloise. La quarantaine, beau regard, sourire inquiet sous la barbe noire. Il parle posément, sans manières. L'aide-soignant voulait être prêtre. En 1988, Daniel entre au séminaire de la mission de France, à Paris. 23 ans, une mère décédée d'un cancer, un père remarié trop vite, sa foi l'aide à s'accrocher. Mais il doute, se demande s'il pourra longtemps supporter le célibat ; les hommes l'attirent depuis l'adolescence. Daniel en parle à ses accompagnateurs spirituels. On lui conseille d'aller voir « le » spécialiste des âmes tourmentées, Tony Anatrella. On dit même qu'il fait des tarifs préférentiels pour ses frères d'Eglise. « C'était le must pour les cas religieux, se souvient l'ancien séminariste.Je ne pouvais pas être entre de meilleures mains. »A l'époque, le père Anatrella n'a pas encoreentamé son virage intégriste. L'auteur d'« Interminables Adolescences » est en vogue, Cyril Collard, l'ange maudit des « Nuits fauves », se lie d'amitié avec lui, les médias le sollicitent sans cesse pour parler de la jeunesse. Daniel ne le connaît pas mais ses camarades ont, durant les week-ends spirituels, le nez plongé dans les ouvrages de « Tony ». Il prend rendez-vous. Après quelques semaines d'entretiens, le psy diagnostique une « pseudo-homosexualité » et propose, pour évacuer les pulsions, des séances de thérapie corporelle. Les exercices ont lieu dans la petite salle attenante à son cabinet. «Il m'a demandé de me mettre nu, confie Daniel. Il a commencé par me toucher, puis me masturber. Au bout de quelques séances, lui aussi s'est déshabillé. » Même scénario tous les quinze jours, pendant quatre ans. «Ça peut paraître fou. J'étais majeur, apparemment consentant, mais j'étais sous emprise. Il présentait ces séances comme une thérapie. Tout était froid, codifié, très pro. Les exercices corporels duraient un temps précis puis on se rhabillait et on se retrouvait après en face à face pour débriefer sur mes émotions.»
En 1993, le Grenoblois quitte Paris et le séminaire pour suivre une formation de tailleur de pierre. Il va mal, consulte un psychiatre, auquel il raconte son étrange thérapie : «Il m'a regardé avec des yeux ronds. Comment avez-vous pu croire à une telle supercherie?» Daniel retourne voir Anatrella. Il veut comprendre : «Comment expliquez-vous qu'on ait eu des relations sexuelles?» Le père du diocèse de Paris assure qu'il s'agissait bien d'une thérapie importée d'Amérique.
Daniel s'est longtemps senti coupable, indéfendable. Pourtant, en 2001, il prévient son ancien directeur de séminaire et écrit au cardinal Lustiger. Une lettre sobre : «Eminence, j'ai eu l'occasion de vivre une relation particulièrement dommageable avec un prêtre du diocèse de Paris... Cette personne continuerait à accompagner des jeunes fragiles ou en difficulté...» Le cardinal reçoit longuement Daniel, prie pour lui et promet d'agir... Rien ne se passe. Un autre jeune patient commence, au même moment, une thérapie avec Tony Anatrella. Jacques (1), 21 ans, parisien, fils de la bonne bourgeoisie catholique, a des doutes existentiels sur son identité sexuelle. Lui aussi est adressé à Tony par un prêtre. Lui aussi se voit proposer au bout de quelques mois des séances de thérapie corporelle. Le père-psy de 60 ans demande au garçon de se déshabiller. Et commence à le caresser pour le libérer de ses pulsions malsaines. Deux ans de thérapie, Jacques n'a jamais été aussi déprimé. Fin 2003, il dit au prêtre qu'il ne peut plus payer les 46 euros de séance hebdomadaire. Tony Anatrella propose de lui faire crédit. L'étudiant en histoire refuse. Comme Daniel, il ne dit rien à personne. Comme lui, il se sent coupable et démuni. Que faire ? Qui alerter ? Le psy Tony n'appartient à aucune société psychanalytique. Le père Anatrella, malgré les rumeurs persistantes sur ses penchants homosexuels, continue d'avoir ses entrées au Vatican. Ses deux anciens patients voudraient bien l'oublier mais sa voix grave résonne sur toutes les ondes, dans le moindre débat sur l'homoparentalité ou le mariage gay.
L'hiver dernier, l'homme commente même l'instruction du Saint-Siège interdisant la prêtrise aux homosexuels, texte qu'il a largement inspiré. «L'Eglise a rappelé que les candidats présentant des tendances homosexuelles, ayant eu des pratiques de ce type ou soutenant ce qu'on appelle la culture gay ne peuvent être admis aux ordres sacrés. Ceux qui se trouvent dans l'une de ces situations devront interrompre leur formation», écrit-il dans « la Croix », en janvier 2006, avant d'ajouter : «L'instruction ne concerne que les futurs candidats et non pas les prêtres, qui sont invités à poursuivre leur ministère.» Ulcéré, Daniel contacte Christian Terras, rédacteur en chef de la revue « Golias », le « Canard enchaîné » des cathos. De son côté, Jacques se confie à un prêtre dominicain Philippe Lefebvre, professeur de théologie à l'université de Fribourg, puis dépose plainte à Paris contre son ancien psy, le 30 octobre dernier. « Il a choisi la voie judiciaire plutôt que la voie médiatique, précise son conseil, Me Linda Arif. En ce qui le concerne les faits ne sont pas prescrits. » Depuis, Monseigneur se fait plus discret. Il laisse son avocat en première ligne. «Que voulez-vous que je vous dise, plaide Me Benoît Chabert. Mon client est abattu, il dément, ce sont des affabulations.» L'Eglise aussi joue silence radio. Tony Anatrella n'a même pas été convié à la conférence des évêques qui vient de s'achever à Lourdes. Il a été écarté du comité d'experts chargés de plancher sur la question homosexuelle. Daniel, l'ancien séminariste, a depuis longtemps perdu la foi. Mais il lui reste quelques souvenirs de l'Evangile : «Il n'y a rien de caché qui ne vienne, un jour, à la lumière.»

(1) Le prénom a été modifié.

Né en 1941, ce fils d'immigré italien est entré au séminaire à Paris avant de se former à la psychanalyse. Il est l'auteur d'une vingtaine d'ouvrages.

Sophie des Deserts


Le Nouvel Observateur


11/12/2006

Shortbus, un chef d’œuvre post-sexuel

Ce film pourrait être l’étendard, le manifeste, la raison d’être, le projet, l’utopie de la fosmus. Kaléidoscope multisexe jouissif et poignant, miracle fait film, il montre ce à quoi devrait ressembler le monde et la « sexualité ». On y voit une relation jeune/vieux non perverse, deux garçons, trois garçons, deux filles, trois filles, dix filles, deux filles et un garçon, trois garçons qui se sucent, un qui suce un garçon qui en suce un troisième qui bouffe le cul du premier, des vibromasseurs, une fille qui se masturbe, un couple sado-maso, mixte, unisexe, bear, hard, cuir, un micheton jeune et mignon, un « gay » qui roule une pelle à une « hétéro » frigide, un noir qui n’a pas une énorme queue, un couple à trois monogame, des étreintes imprévues, du sexe en dehors des codes et des identités, des corps : on y voit des corps, fait rarissime dans le cinéma (cette boîte noire du puritanisme et de la différencedessexes, de toutes les oppressions d’ailleurs), on y voit une bite, une chatte écartée, une bite qui rentre dans une chatte, dans un cul, un gode, un fouet sur des fesses, un gars qui lèche les pieds d’une fille, on regarde ça. Et tout n’est pas « naturalisé », comme dans la grotesque scène finale du Parfum. Chacun est là, avec ses malheurs, ses échecs, ses technologies de jouissance et de désir.
A voir, à faire voir, à effectuer, à rendre réel, à réaliser. Après ça on ne peut plus dire que le monde n’est pas beau.