10/11/2006

Les sites de rencontre comme dispositifs antisexes

Sur le plus gros site de rencontre en France, Meetic, les hommes payent leur abonnement 29 € par mois et les femmes ont un accès gratuit. Reproduction dans le virtuel du paradigme straight et naturalisant de la différencedessexes, le site de rencontre, dans sa conception même, revalide les schèmes et les découpages traditionnels (sexe, âge, orientation sexuelle), en les réifiant et en gravant dans le marbre de la virtualité les catégories normatives qui enferment et excluent hors du virtuel.

Les centaines de profils d’utilisateurs, médiatiquement caricaturés comme un « réservoir de milliers de rencontres potentielles », consistent en réalité en une production de dispositifs archaïques et extrêmement violents de condamnation du sexe, des « relations charnelles sans lendemain », des « plans culs », des « aventures d’un soir ». Filles sur Meetic, garçons sur Rezog, les comportements sont sensiblement les mêmes : pour acquérir un minimum de « respectabilité » au sein du tchat, les profils présentent de sévères barrières à l’entrée sous forme de condamnations moralisatrices de tout ce qui relève du sexe ou de l’éphémère, au profit d’une valorisation de « l’amour », du « sérieux », et des relations socialement régulés et valorisées comme « naturelles » et/ou « normales ».

Sur Meetic, une équipe de 50 modérateurs refusent les photos suggestives, ou ne montrant pas « de nobles aspirations » dans la recherche sentimentale : tout profil créé dans le but d’effectuer de potentielles « rencontres d’un soir » est censuré. L’amour « sérieux » est le seul parcours autorisé, dans une sorte de nouvelle forme de normativisme straight particulièrement kitsch. La censure, si elle n’est pas effectuée par les internautes eux-mêmes, est opérée en amont par les administrateurs de sites, en vue de désactiver le potentiel post-sexuel et subversif des sites de rencontres.

L’existence de milliers de profils sur des sites de rencontre est censée rendre possible « des milliers de rencontres potentielles », et produire un « immense hypermarché du sexe » dans lequel il n’y aurait qu’à piocher selon les envies du jour. Il faut souligner qu’au contraire, les sites de rencontres sont conçus selon la logique de la sélection (la plus fine possible). Au lieu d’organiser le grand brassage des corps, ils autorisent une segmentation informatique des personnes selon un fichage rigoureux, qui permet effectivement à l’utilisateur de faire son choix, mais plus en excluant et en constituant une sélection de profils recherchés qu’en connectant les solitudes entre elles.

Il importe de contester les visions prophétiques et enchantées des rencontres virtuelles qui décrivent une nouvelle société d’abondance sexuelle. C’est en effet en prenant conscience que la plupart des technologies contemporaines de rencontre sont à double tranchant que la post-sexualité prendra son essor.

1 comment:

Anonymous said...

Inutile d'expliquer en tournant en bourrique pseudo intellectualisante le fonctionnement de meetic: c'est tout simple, il y a des sites qui favorisent les vraies relations stables, et d'autres les ff et les histoires d'un soir. Apres on fait son choix selon ses aspirations et ce qu'on recherche. Mais ne jetez pas la pierre sur meetic etc. C'est comme si on reproche a auchan de ne pas vendre de produits leader price, autant aller chez leader price, et ecrire une notule prise de tete la dessus. Deux buts differents, pour deux types de sites differents. Pour une relation d'un soir purement sexuel, on va sur les nombreux forums fait pour ca. Pour rechercher "l'amour", on va sur meetic.